Juliette Gréco et Sartre

Juliette Gréco et l’existentialisme

L’artiste Juliette Gréco et l’existentialisme ont fait un beau duo, pendant toute la durée de carrière de l’icône. En réalité, il est impossible de dissocier les grandes réalisations de la chanteuse avec les problèmes de la vie culturelle et intellectuelle de la France d’après-guerre. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu le surnom de « la muse de l’existentialisme ».

Juliette gréco et l’existentialisme : l’influences des expériences en temps de guerre

Juliette Gréco a vu le jour en 1927 dans la zone Sud de l’Hexagone. Après le départ de son père, elle et sa sœur furent confiées à leurs grands-parents et aux religieuses. À ses 7 ans, sa mère les emmena dans la capitale parisienne et elles vécurent à Saint-Germain-des-Prés.

L’histoire entre Juliette Gréco et l’existentialisme date de très longtemps. En réalité, celle-ci a fortement subi l’influence de ses expériences en période de guerre. Quand la France est tombée sous la domination nazie, elle et sa sœur ont rejoint l’école à Bergerac. Elles retrouvèrent leur mère quelques années plus tard alors que celle-ci travaillait désormais pour le compte de la résistance.

En 1943, elles ont toutes les trois fait l’objet d’une arrestation. S’exprimant sur le sujet, la chanteuse confiait qu’elle avait été humiliée par un officier de la Gestapo française au point qu’elle a riposté en donnant un coup de poing au nez à celui-ci. À partir de ce jour, Gréco a pris la ferme décision de se battre contre l’indifférence, la terreur et le terrorisme intellectuel.

Fidèle à ce crédo, Juliette Gréco est devenue une grande opposante aux guerres du Vietnam et de l’Algérie. Elle fût envoyée à la prison des femmes de Frênes alors qu’elle n’avait que 15 ans. Deux ans plus tard, elle a travaillé pour le club le Tabou de Saint-Germain-des-Prés et a rejoint le mouvement de la jeunesse communiste du PCF. La jeune fille chantait et collaborait ainsi avec des écrivains. Peu à peu, le Tabou est devenu une scène sociale solide qui a accueilli de grandes figures comme Ourson Welles, Maurice Merleau-Ponty…

La rencontre de Juliette Gréco et Sartre

L’histoire de l’artiste et de l’existentialisme est notamment marquée par la collaboration Juliette Gréco et Sartre. Celui-ci lui fournît une série de poèmes à chanter et transmît les mélodies à Joseph Kosma, compositeur.

Avec « Rue des Blancs-Manteaux » de Jean Paul Sartre, la chanteuse cibla un poème de Raymond Queneau intitulé « Si tu t’imagines ». La musique fût écrite par Kosma qui lui a même offert une chanson écrite avec Jacques Prévert pour les Enfants du Paradis.
Le duo Juliette Gréco et Sartre était unique et l’écrivain a même rendu hommage aux qualités de l’artiste en disant que c’est grâce à elle qu’il a écrit des chansons. Gréco s’est toujours dévouée corps et âme à la poésie moderne convertie en chanson. Par conséquent, son œuvre est un catalogue de la grande poésie, de Verlaine à Jean-Claude Carrière en passant par Desnos. Elle n’a cessé d’aller à la recherche de nouvelles écritures et de voix poétiques douces, d’où sa collaboration avec le rappeur et poète Abd Al Malik. Sa fierté résidait dans sa capacité à attirer le jeune public de la France et des autres coins du monde.

La chanteuse a aussi enregistré d’autres tubes d’artistes contemporains, parmi lesquels la Jolie Môme de Léo Ferré. Il y a aussi le titre culte je hais les dimanches de Guy Béart ainsi que d’autres reprises : La Javanaise, Il n’y a plus d’après, Chanson pour l’auvergnat… Côté vie privée, elle a eu à se marier avec Darryl F. Zanuck, Michel Piccoli puis avec Gérard Jouannest.

Juliette Gréco était une femme farouchement égalitaire. Sa motivation à persévérer, reflétant un engagement envers la vie et l’univers musical, lui a permis de transcender les limites du monde politique qui l’a beaucoup forgée. Vous l’aurez compris, Juliette Gréco et l’existentialisme, c’est une longue histoire d’amour !