La vie de Juliette Gréco

Les moments forts de la vie de Juliette Gréco

La vie de Juliette Gréco, décédée le 23 septembre 2020, aura marqué à tout jamais l’histoire de la musique française. Talentueuse chanteuse, mais aussi brillante actrice, elle a eu une extraordinaire carrière qui s’est étendue sur 70 bonnes années. Sa vie a notamment été marqué par des moments emblématiques.

D’une enfance instable à la prison

Juliette Gréco est née le 7 février 1927 dans la ville de Montpellier, d’un père corse et d’une mère bordelaise. Elle porte d’ailleurs le même prénom que sa mère, pour qui Juliette Gréco était un enfant engendré par accident, c’est-à-dire non désiré. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles son père a été absent pendant toute la jeunesse de Juliette Gréco. Pire encore, les parents étant divorcés, Juliette Gréco et sa sœur Charlotte ont été élevées par leurs grands-parents maternels, jusqu’en 1936, après le décès du grand-père. Les deux sœurs sont de retour à Paris la même année auprès de leur mère.

Juliette intégra l’école de danse de l’opéra en 1938, en tant que petit rat, autrement dit, une jeune élève qui figure dans les spectacles. En 1939, lorsque la guerre éclata, la jeune Juliette Gréco et sa famille se réfugièrent au Périgord. Leur tranquillité n’aura duré que quelques années, car le 9 septembre 1943, Juliette mère, fut mise aux arrêts, du fait de son engagement dans la résistance.

Juliette Gréco, jeune fille de 16 ans à l’époque, assistait à la déportation de sa mère, accompagnée de Charlotte, sa sœur ainée. À cet âge, ne pouvant être déportée comme sa mère et sa sœur, Juliette Gréco fut mise en prison à la maison d’arrêt de Fresnes. Elle n’y restera qu’un mois, à cause de son jeune âge et sera donc relâchée la même année.

De la prison à la scène musicale

Les débuts de Juliette Gréco n’ont pas été aussi reluisants. À sa sortie de prison, Juliette Gréco, la jeune fille de 17 ans, n’avait véritablement personne vers qui se tourner, à part une amie à sa mère. Elle s’appelait Hélène Duc, et avait été le professeur de français de Juliette à Bergnac.
Elle l’hébergeait à Paris, dans le 6e arrondissement, dans la pension où elle habitait. Grâce à Hélène, Juliette découvrit l’art dramatique et se laissa d’ailleurs convaincre d’intégrer le conservatoire d’art dramatique. Elle passa le concours d’entrée, mais échoua malheureusement.

Elle obtint tout de même quelques rôles de figurante dans des comédies françaises. Installée à Saint-Germain-des-Prés, dont elle deviendra l’égérie plus tard, elle eut l’opportunité de rencontrer des personnages emblématiques de l’intelligentsia parisienne de l’époque, qui la prirent sous leurs ailes. Parmi ceux-ci, on distingue Simone de Beauvoir, Boris Vian, Jean-Paul Sartre, la Bohême et bien d’autres.

Jusqu’ici, la jeunesse de Juliette Gréco était faite de petits boulots qui lui permettaient de survivre. En 1949, Marc Doelnitz, un des amis de Juliette, décida de rouvrir l’un des cabarets les plus célèbres de l’époque, appelé Le Bœuf sur le toit. Il réussit à convaincre, Juliette Gréco de chanter lors de l’ouverture. Après moult hésitations, Juliette Gréco fini par accepter. Sa prestation devant un public de privilégiés, composé des grandes figures artistiques du moment, marqua officiellement ses débuts dans la musique et au cinéma. Elle interpréta des compositions de célèbres auteurs et sort son premier album en 1951.

Juliette Gréco et ses amours

Les difficiles débuts de Juliette Gréco ne l’ont pas empêché d’avoir une vie amoureuse riche et épanouie. Alors qu’elle tournait le film Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville, elle fit la rencontre du comédien Philippe Lemaire. Les deux amoureux se marièrent le 25 juin 1953 et eurent une fille, Laurence Lemaire, le 24 mars 1954. Leur idylle s’arrêta deux ans plus tard, soit en 1956.

Forte de son succès, la vie de Juliette Gréco prendra un nouveau tournant, lorsqu’elle sera courtisée par la grande maison de production Hollywood, pour des rôles dans plusieurs films. Sur le tournage du film Le soleil se lève aussi d’Henry King, elle fera la rencontre Darryl Zanuck, qui en est d’ailleurs le producteur. Leur différence d’âge, d’une trentaine d’années, n’a pas empêché la jeune Juliette Gréco de vivre une intense idylle amoureuse avec cet homme. Elle trouvait en revanche cet homme trop dominateur et finit par mettre fin à leur relation en 1961.

En 1965, après avoir tenté vainement de mettre fin à sa vie, Juliette Gréco va épouser Michel Piccoli, un acteur français, avec qui elle restera douze années, avant de divorcer en 1977. Quelques années plus tard, alors qu’elle devait entamer une tournée au Canada, Juliette fit appel à Gérard Jouannest, arrangeur, pianiste et compositeur, pour l’accompagner. Leur collaboration s’est soldée par leur union en 1989, qui a duré jusqu’en 2018, année de décès de Gérard.

Pendant les 93 années de vie de Juliette Gréco, elle aura réussi à se faire une place de choix dans l’univers musical et cinématographique français, mais aussi mondial. Son décès reste une grande perte, mais ses œuvres et son brillant parcours resteront le plus bel héritage laissé derrière elle.